Je ne cherche généralement pas à visiter les musées consacrés à la guerre, mais en voyageant au Vietnam, j’avais envie d’en apprendre davantage sur l’histoire du pays, surtout d’un point de vue vietnamien. Si vous hésitez à visiter ce musée pendant votre séjour à Hô Chi Minh-Ville, mon retour d’expérience en tant que voyageuse curieuse, mais pas spécialement passionnée d’histoire, peut vous aider. Pas le temps de tout lire ? Passez directement au résumé à la fin !
Nous avons visité le musée lors d’une visite guidée de Hô Chi Minh-Ville, qui comprenait également le palais de l’Indépendance, la poste centrale et la cathédrale Notre-Dame le matin, et les tunnels de Cu Chi l’après-midi.

Premières impressions et mise en contexte
Notre guide Felix (de TNK Travel) a parfaitement posé le contexte. Il a été très honnête et respectueux, en nous expliquant que certains visiteurs lui avaient déjà fait remarquer que ce musée reflète le point de vue vietnamien, sans forcément raconter toute l’histoire de la guerre. Il nous a encouragés à le visiter en gardant cela en tête, ce qui nous a aidé à mieux comprendre la manière dont les Vietnamiens perçoivent et racontent leur histoire.
Nous avons eu environ 1h30 pour le visiter librement. J’ai apprécié pouvoir avancer à mon rythme, mais ça voulait dire aussi beaucoup de lectures, aucune occasion de poser des questions, et pas d’histoires en dehors des textes affichés.
À quoi ressemble le musée
Le musée est réparti sur plusieurs niveaux et comprend aussi des expositions en plein air avec du matériel militaire (avions, chars, etc.), ainsi que plusieurs salles thématiques consacrées à différents aspects de la guerre.
L’intensité visuelle du lieu m’a immédiatement frappée. Il y a énormément de photos, dont beaucoup sont très dures à regarder. La guerre du Vietnam a été l’un des premiers conflits largement couverts par le photojournalisme, qui a joué un rôle dans l’opinion publique, à une époque où les gens n’étaient pas toujours conscients qu’ils étaient photographiés. Le résultat est une représentation brute, un peu voyeuriste, de l’horreur de la guerre.
Une grande partie du musée est consacrée aux atrocités commises par les forces américaines. Certaines salles étaient trop dures pour moi. J’ai zappé plusieurs parties qui montraient des images explicites de torture et les conséquences terribles de l’agent orange, du napalm et d’autres armes chimiques. Il ne faut pas forcément tout voir pour comprendre que ce qui s’est passé était horrible.
Il y avait quelques cartes et statistiques au début, ce que je trouve toujours intéressant. Une information qui m’est restée en tête : plus de bombes ont été larguées sur le Vietnam pendant cette guerre que durant toute la Seconde Guerre mondiale.

Ce qui manque
Ce qui n’est pas là est tout aussi marquant que ce qui l’est. Le musée se concentre presque exclusivement sur les atrocités américaines, sans aborder suffisamment les raisons du conflit, notamment le contexte mondial de la guerre froide et l’opposition idéologique entre capitalisme et communisme. J’ai trouvé que le musée n’expliquait pas assez pourquoi les États-Unis étaient engagés dans le conflit ou pourquoi le Sud ne voulait pas d’une réunification sous un régime communiste.
En parcourant les expositions, on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi les États-Unis sont restés si longtemps impliqués dans une guerre aussi coûteuse, longue et critiquée, même chez eux. D’après ce que j’ai appris, la guerre du Vietnam n’était pas vraiment pour le Vietnam en soit ni vraiment une guerre civile. Les Américains la justifiaient comme un moyen d’endiguer le communisme (par crainte de l’effet domino), même dans un pays qui avait choisi cette voie (ce qui, je le reconnais, est un sujet sensible !).
Certains qualifient ce musée de propagande, mais je n’irais pas jusque-là. Oui, il présente un point de vue. Oui, il influence la manière dont on perçoit la guerre. Mais ce qu’il montre est réel : les victimes, les traumatismes, les séquelles. Les crimes commis par l’armée américaine ont bien eu lieu. Le fait que ceux du camp adverse ne soient pas mentionnés n’efface pas la souffrance présentée ici.
En tant que Française, je suis bien consciente que la France et les États-Unis ont aussi leurs propres récits biaisés de cette guerre. Beaucoup de pays occidentaux ont encore une image très négative du communisme. C’est justement ce qui aurait pu rendre cette visite si intéressante pour moi : découvrir comment les Vietnamiens décrivent les motivations américaines. Mais en réalité, j’ai eu l’impression que les Américains étaient simplement présentés comme les méchants, sans réel effort pour expliquer ce qu’ils défendaient ou combattaient. Au final, je trouve qu’on ne ressort pas avec une meilleure compréhension, seulement une condamnation forte d’un seul camp.
Quelques points marquants
Une section qui m’a particulièrement marquée est celle consacrée au mouvement anti-guerre, avec des photos et des coupures de presse du monde entier, y compris des États-Unis. C’était un rappel fort que les peuples ne doivent pas être tenus responsables des guerres décidées par leurs gouvernements. Cette vague mondiale de protestation et d’activisme était l’un des rares éléments porteurs d’espoir dans le musée.
Infos pratiques et conseils pour les visiteurs

- Vous n’avez pas nécessairement besoin de participer à une visite guidée pour visiter le musée. Il est facile de s’y rendre à pied depuis le centre-ville, ou en empruntant le Grab. Nous avons opté pour une visite guidée car nous disposions de très peu de temps à Ho Chi Minh-Ville et nous voulions optimiser notre itinéraire.
- Il faisait chaud et il y avait du bruit lors de notre visite. Il n’y a pas de climatisation, seulement des ventilateurs. La présence de groupes rend parfois la lecture difficile, surtout à la fin. À un moment, j’ai littéralement dû me couvrir les oreilles pour réussir à me concentrer.
- Le musée n’est pas adapté aux enfants – les images sont bien trop violentes.
- Certains visiteurs disent y passer jusqu’à trois heures, mais 1h30 a été largement suffisant pour nous pour voir les principales expositions sans un burnout émotionnel.
- Le manque d’interactivité rend l’expérience plus fatigante. Ce sont essentiellement des panneaux à lire et des photos.
Est-ce que ça vaut le coup d’y aller ?
Oui, si vous êtes prêt pour une expérience brute et dérangeante, et que vous souhaitez découvrir le point de vue vietnamien sur son histoire récente. Ce n’est pas un lieu adapté aux familles (le contenu est trop choquant pour les enfants), ni aux voyageurs cherchant une version neutre ou complète de la guerre du Vietnam. Je ne serais pas surprise que certains visiteurs américains trouvent la visite particulièrement difficile, mais c’est aussi une occasion de comprendre qu’il y a toujours plusieurs points de vue dans une guerre.
Ce musée n’est pas facile à visiter, et il ne propose pas une vision équilibrée ou exhaustive de la guerre du Vietnam. Mais c’est un lieu important pour commencer à comprendre comment le peuple vietnamien a vécu et intégré cette période de son histoire. Malgré les horreurs montrées, nous avons terminé la visite sur une note d’espoir, grâce à notre formidable guide qui nous a rappelé : le Vietnam est un pays qui n’a pas oublié, mais qui a pardonné, et qui accueille aujourd’hui des visiteurs du monde entier sans rancune.
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Résumé express – Mon avis sur le musée des vestiges de la guerre
Durée recommandée : environ 1h30
Accès : Non loin du centre ville (à pied ou en crabe). Les billets peuvent être achetés à l’entrée.
À quoi s’attendre :
- Visite intense sur le plan émotionnel et très visuelle (pas adaptée aux enfants)
- Expositions principalement du point de vue vietnamien
- Peu interactif – surtout des textes et des photos
- Quelques statistiques et cartes, mais un fort accent sur les atrocités de la guerre
- Pas de climatisation – il faisait chaud et c’était très bruyant
Où se trouve le musée ?
Le musée des vestiges de la guerre se situe dans le district 3 de Hô Chi Minh-Ville, à proximité des sites emblématiques du district 1. Il se trouve à quelques minutes à pied du palais de l’Indépendance et de la cathédrale Notre-Dame. L’entrée est située rue Vo Van Tan.